Les soldats blessés handicapés peuvent à nouveau marcher à l’aide d’un exosquelette

Les soldats blessés handicapés peuvent à nouveau marcher à l’aide d’un exosquelette


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Paris (AFP) – Permettre aux soldats blessés, cloués à un fauteuil, de se lever et de marcher : c’est désormais possible à l’Institut national des Invalides de Paris, qui vient de s’équiper d’un exosquelette, un moyen de rééducation innovant.

Dans cet établissement ultramoderne spécialisé dans les soins aux blessés de guerre et aux handicapés graves, le Dr Lawrence Mailhan, médecin en réadaptation, a fait la démonstration de ce robot marcheur.

Ses membres inférieurs sont aidés par deux structures mécaniques deux fois plus grandes que son squelette.

Conçu pour maintenir l’équilibre du patient en position debout, l’exosquelette « Atalante » peut également être utilisé pour des exercices de renforcement des membres inférieurs, du tronc et des membres supérieurs.

« Pour les patients qui peuvent à nouveau marcher, cela fait gagner du temps en rééducation », explique le Dr. Mailhan.

Mais pour ceux qui n’en pourront jamais, les bénéfices sont aussi nombreux : « Il a été démontré que la position verticale aide à lutter contre l’ostéoporose ou le risque de fractures. Elle peut aussi améliorer les troubles du transit ou de la miction, la capacité respiratoire et l’endurance », précise-t-elle. .

Depuis son lancement il y a trois ans, une vingtaine d’hôpitaux en France ont investi dans un tel robot, développé par la startup française Wandercraft.

Des infirmières préparent un exosquelette pour une présentation à l'hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris
Des infirmières préparent un exosquelette pour une présentation à l’hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris STÉPHANE DE SACUTINAFP

Si certains concurrents en produisent d’autres dans le monde, « notre modèle est le seul qui s’équilibre et n’a pas besoin de béquilles pour se stabiliser », confirme le co-fondateur de l’entreprise Jean-Louis Constant.

Coût de l’exosquelette : 220 000 euros. L’association Solidarité Défense, qui accompagne les personnels militaires et civils des armées, l’a proposé à l’Institut national du handicap avant l’été.

« Après une phase de formation des personnels soignants à la rentrée, il est désormais opérationnel », salue son président, l’ancien ministre Jean-Marie Bockel.

« Niveau des yeux »

Entre 250 et 300 militaires français sont blessés en opérations chaque année. Grâce à cette acquisition, leur parcours de soins « sera amélioré », prédit l’association.

L’appareil doit être sécurisé en le suspendant à des rails au plafond ou à un système de « lève-personne ».

Des infirmières installent un exosquelette pour un médecin pour une démonstration à l'hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris
Des infirmières installent un exosquelette pour un médecin pour une démonstration à l’hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris STÉPHANE DE SACUTINAFP

« Au moins deux personnes surveillent le patient », explique Lawrence Mailhan. Mais tous les blessés ne pourront pas en bénéficier : « il y a des limites à la taille, au poids, à l’amplitude des articulations ». « On vérifie aussi la perte osseuse pour limiter le risque de fractures », explique-t-elle.

Ainsi César (pseudonyme), un ex-soldat de 35 ans devenu tétraplégique après une mission au Sahel il y a une dizaine d’années, souffre aujourd’hui d’ostéoporose, ce qui limite sa capacité à utiliser un exosquelette.

« Si seulement il avait été là pendant ma rééducation… » regrette-t-il.

Après neuf ans de vie en zone handicapée, il a pu le tester une fois : « J’étais marqué par le fait que j’étais à la hauteur des gens et de l’apparence et que je n’étais plus dans un état d’infériorité physique », révèle-t-il.

Un médecin examine un exosquelette lors d'une présentation à l'hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris
Un médecin examine un exosquelette lors d’une présentation à l’hôpital des Invalides le 9 novembre 2022 à Paris STÉPHANE DE SACUTINAFP

Virginia Dubost, 37 ans, en fauteuil roulant depuis un accident de surf il y a cinq ans, insiste également sur l’aspect « psychologique » : « le simple fait d’être face à quelqu’un, c’est juste incroyable ! »

Pour cette « civile », qui suit des séances de kinésithérapie à l’hôpital de jour des Invalides, la marche avec un exosquelette complète bien sa rééducation. « La première fois que je l’ai essayé, cela m’a un peu fatiguée, mais avec le temps, j’ai senti que cela renforçait mes muscles et mon rythme cardiaque », dit-elle. Chaque séance hebdomadaire est devenue « ma bulle de joie », ajoute-t-elle.

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